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mardi 30 décembre 2014

Voyage en Antarctique, avec un groupe de 8 russes: Natalia, Pavel et Pavel, Dima, Pacha , Roman, Kirill, Yuri

59°52,38' Sud
63°12,57' Ouest

Temps idyllique aujourd'hui au milieu du Drake.
Nous naviguons avec un ris et le génois déroulé en entier, ce qui est exceptionnel dans cette région des cinquantièmes.
Après notre passage à la latitude du cap Horn, il y a environ 48H00, notre vitesse moyenne était de 7 à 8 nœuds. Actuellement le vent a "molli" et nous ne naviguons plus qu'à 5 nœuds.
L'ambiance est sereine sur Paradise. Le poêle nous offre une chaleur agréable à l'intérieur et dehors le ciel est d'un bleu éclatant. Nous venons de croiser une baleine, farouche...
Nos Russes ont ce caractère que j'imaginais : un peu rude au départ, mais finalement très sympa. Pour la plupart, ils vivent leur première expérience de navigation avec nous et ils se débrouillent plutôt bien pour les manœuvres et la conduite du bateau. Car comme d'habitude nous fonctionnons avec un système de quarts pour nous relayer à la barre.
Cette fois-ci, il y à deux groupes de deux et un de trois, Arnaud étant hors quarts pour être réactif, s'il se passe quoi que se soit d'inhabituel. Deux de nos passagers ont succombé au mal de mer mais aujourd'hui, pour la première fois depuis 48H00, ils sortent de leur couchette pour prendre l'air frais sur le pont.
La moitié d'entre eux parle correctement anglais et bien sûr entre eux, ils parlent russe, mais pour le moment cette barrière de la langue n'entrave pas l'ambiance générale. Et nous terminerons sûrement cette croisière en aillant appris quelques mots de cette langue si différente - j'en ai d'ailleurs déjà ajouté quelques uns à ma toute petite liste.


 Les prévisions météorologiques indiquent un vent faible pour les jours à venir. Ce matin nous avons fait 5H00 de moteur et nous allons surement en faire beaucoup plus jusqu'à notre arrivée.
 Nous venons de traverser la ligne de convergence antarctique (limite entre les eaux "tempérées" et les eaux froides antarctiques) ce qui se sent considérablement au niveau température à l’intérieur du bateau car la coque s'est refroidie au contact de l'eau proche de 0°C.
Nous sommes à 250 miles nautiques de l'ile de Déception (située au nord de la péninsule Antarctique) et nous ne savons pas encore quel sera notre premier mouillage, où, espérons le, nous serons à temps pour fêter le 1er de l'an.

A bientôt, Morgane et l'équipage de Paradise.

dimanche 21 décembre 2014

Fin du séjour ski-voile en Antarctique

Bonjour à tous!

Déjà une semaine  depuis le dernier article...

Nous sommes arrivés à puerto Williams le mercredi 17 décembre, après une journée de navigation très longue et difficile, non pas à cause du vent cette fois, mais au contraire du manque de vent et de la force du courant qui nous ont ralentis des heures durant.
Le jour de notre arrivée, entre 1h00 et 5h00 du matin, nous avons parcouru seulement 4 milles (environ 8 kilomètres, au lieu de 40 km = 20 milles dans des conditions plus normales). La dernière journée fut donc très longue et notre arrivée à Puerto Williams à 23h00 a été un énorme soulagement et une vraie libération pour tout l'équipage. Et le moment tant attendu de cette arrivée pu se dérouler comme espéré (rêvé serait un peu exagéré, quoi que...).
Nous avons passé,  pas une mais deux superbes soirées au Micalvi ( vous  l'aurez compris, c'est le super bateau-ponton-bar de Puerto williams), car nous avons profité du temps qu'il nous restait pour nous reposer dans ce petit village austral paisible.
Cette escale, avant d´arriver à Ushuaia, est,  je trouve, indispensable avant de retourner dans la folie de cette ville (folie relative, il est vrai).
Puis le 19 décembre, nous sommes enfin arrivés à Ushuaïa,  à 23h00  seulement , car le port de Puerto Williams était fermé jusqu'à 16h00 à cause du vent, trop fort - 25 nœuds-, selon les autorités, ...) et suite à  quelques frayeurs chez les douaniers qui n'ont pas trop apprécié le fait que nous perturbions si tard leur garde nocturne, douce et monotone, dans des locaux si chaleureux. Ces derniers ont finalement accepté de nous octroyer "le tampon magique" sur nos passeports pour l'entrée dans le territoire Argentin.
Le lendemain matin, un premier groupe, Gilles, Manu et JR, a pri son avion vers la France.  Le lendemain avec les autres : Ralph, Pierre Luc, Eric et Florian, Arnaud et moi sommes allés manger de la Centolla ( Le king crabe Patagon) et du Castor ( oui oui j ai essayé pour la première fois et c'est bon). Ces derniers nous ont fait un beau cadeau en nous invitant, ce qui, je tiens à le préciser, est assez rare. Ils sont partis ce matin.

Merci encore à tous d'avoir participé à cette aventure, où chacun aura son lot de souvenirs plus ou moins agréables :
- le Drake, ce passage "monstrueux" qui semble parfois nous engloutir et nous congeler, bref, nous dépasser,
- un affalage de grand voile avec 40 nœuds de vent et des mains gelées qui se tétanisent et ne servent plus à rien, puis continuer malgré tout à faire des surfs à 15 nœuds dans des belles vagues,
- des gros bobos,
- le mal de mer pour certains, qui fut l'une des pires souffrance de leurs vie,
- des heures à la barre à ce demander ce qu'on fait là et pourquoi on a payé pour ...en baver,
- mais bien sûr aussi, des apéros qui n'en finissent plus,  même si le capitaine surveille le niveau cave du bord,
- des parties de belote mémorables,
- mais surtout la découverte d'un "continent", la Tierra  Incognita, magique, rude, capricieuse et indomptable et sa faune inoubliable, des paysages depuis les sommets et à bord du bateau où l'on se sent alors si privilégié, presque les rois du monde...
- et peut-être, pour certains, une passion découverte : la "navigation extrême".
Avec du recul,  mauvais et bons moment se confondent, la peur et la douleur se dissipent et il ne reste que les meilleurs souvenirs.
Et merci a toi Merveilleuse Planète, si fragile, de nous offrir tes trésors de toute beauté !
Plus qu'un voyage, une vraie aventure, voire même une expédition, forte en émotion, comme on les aime.
Ce fut pour moi le plus beau voyage en Antarctique depuis bientôt deux ans que je suis sur Paradise; aussi parce que ce groupe un peu spécial m´a permis de réaliser un rêve : pratiquer une de mes passions, le snowboard, en Antarctique.
Je vous souhaite à tous un bon retour  et aussi de bonnes fêtes, une bonne année, et tout et tout...

A bientôt.
Morgane et Arnaud

mardi 16 décembre 2014

lundi 15 décembre 2014 : un Drake d'enfer

56°51'09 Sud
63°33'58 Ouest

 Le lundi 15 décembre 2014

 Nous sommes à 150 miles de Puerto Williams, c'est à dire à environ 24H00 de navigation. Nous avons quitté la péninsule Antarctique le vendredi 12 décembre à 11H00. Ce fut un départ chaotique. Des creux de 6 à 8 m et un vent sud ouest de 40 nœuds nous ont pris à froid. Partir dans ces conditions, avec en prime un slalom entre la glaces et la visite d'un groupe d'orques (elles étaient environ 6 ou 7 et surfaient derrière le bateau en s'en approchant à 3- 4 mètres, des images incroyables!!!); restera pour tous mémorable.
 Nous le savions, le Drake est un passage difficile, celui-ci aura été éprouvant.
Et ce n'est pas terminé. A l'heure où je vous écris, le vent s'est enfin calmé mais nous sommes au moteur avec un vent de face (nord-ouest) et il pleut. Cependant notre cap est droit au but. L’équipage se languit car ces derniers heures nous ont paru interminables et nous ne pouvons donner une heure précise d'arrivée : celle-ci dépend du vent (qui est en ce moment assez variable) et donc de notre vitesse.
 Il nous reste à passer proche du cap Horn puis remonter un bout du Beagle, le chenal qui mène à nos destinations finales, Puerto Williams puis Ushuaia.

A trés bientôt.

 Morgane et l'équipage de Paradise.

mercredi 10 décembre 2014

Le 8 Decembre 2014 : Port Lockroy

64°49'23 Sud
63°29'18 Ouest

Au mouillage à Port Lockroy- Base Anglaise.
Vent faible avec quelques rafales. Neige.
 Si certains se sont impatientés d'avoir des nouvelles de leurs proches, je m'excuse de vous avoir fait attendre, le temps file trop vite sur Paradise...
Nous sommes arrivés il y a déjà six jours. Nos escales furent :
- la baie d'Enterprise - pendant deux nuits nous étions à couple d'une épave où habite une colonie de sterns. - puis Paradise baie également deux nuits
- et enfin port Lockroy pendant trois nuits.
 L'Antarctique est majestueux, grandiose, on peut même parfois le qualifier de 'surnaturel" tellement décors et lumières peuvent être incroyables.
 Notre équipe de skieurs a pu profiter de la beauté du lieu, avec un début de séjour ensoleillé. Tous les jours excepté aujourd'hui, ils ont pu skier, accompagnés de Manu et Gilles, leurs guides.
A partir des mouillages où nous sommes, il y a souvent plusieurs possibilités pour les balades à ski. *
J'ai eu le privilège de les accompagner une fois, ce fut pour moi une première dans le monde du ski de rando et ça y est je suis accro! La montée n'est pas évidente, il faut prendre son temps pour ne pas trop se fatiguer, mais quel bonheur de pouvoir admirer ces paysages d'Antarctique vu d'en haut et, bien sûr, de glisser sur ces pentes "sans traces". La hauteur nous offre une autre dimension : l'horizon chargé d'Icebergs (les plus gros) et de Growlers (les plus petits), les sommets enneigés et glaciers à perte de vu, et au milieu de ce décor idyllique, Paradise dérivant au milieu des glaces dans une baie protégée, avec à bord, Arnaud, attendant le retour des skieurs (et profitant de ce moment pour bricoler...).
 Depuis hier la météo s'est dégradée. Aujourd'hui, pour la première fois de notre séjour il neige. Mais soyons positifs, ceci n'entrave en rien notre programme. Hier soir, nous avons jeté l'ancre au pied de la banquise et d'un glacier, dans une petite baie protégée, où se trouve la base Anglaise de Port Lockroy. C'est un des sites les plus visité d'Antarctique (d'ailleurs, autre détail qui gâche un peu le paysage, un paquebot avec quelques 200 touristes vient d'arriver). Dans cette base, on trouve un petit musée expliquant la vie des premiers explorateurs. Les trois bâtiments qui composent la base siègent au milieu d'une colonie de manchots Papou qui commencent à pondre leurs œufs d'où les poussins sortirons dans un mois.
Aujourd'hui c'est l'anniversaire de Gilles, nous fêterons ça ce soir, avec quelques côtelettes d'agneau (ce dernier étant accroché au frais à l'arrière du bateau) et un gâteau pour y déposer ses quelques bougies... Nous entamerons la remontée du Drake aux alentours du 11 décembre. Nous commençons à étudier la météo, afin de déterminer quel sera le moment le plus favorable pour notre traversée, qui n'est pas le moment le plus apprécié de ce voyage.
Le passage du Drake est dur, l'Antarctique se mérite!
A bientôt. 
Morgane et L'équipage de Paradise.

lundi 1 décembre 2014

lundi 1er décembre 2014 : au milieu du Drake...

Au milieu du Drake, à l'allure travers, avec une mer peu agitée, un vent modéré à fort, nous filons à 9 noeuds sur Paradise.

Nous avons quitté, vendredi 28 novembre, le petit port chilien de Puerto Williams. Le plein de gasoil nous obligeait à faire cet arrêt technique, mais c’était aussi une bonne occasion de visiter le village le plus austral d’Amérique du Sud, voir du monde. Cette bourgade située au Nord de l'ile Navarino, est composée de quelques 3000 âmes. Il y règne une ambiance sereine, surtout après une escale, un peu stressante, à Ushuaia.
 Malheureusement lors de cette halte, nous n'avons pas pu prendre l'apéro au Micalvi, le ponton-bar si connu des marins du coin,

Beagle Channel

car il était réserve ce soir là, pour une soirée privée. Espérons que nous pourrons y fêter notre arrivée, dans trois semaines.
 Je vous écris donc du "drake", ce passage étroit séparant le pacifique et l'atlantique, d'une largeur d'environ 800 kilomètres entre le cap Horn et la péninsule Antarctique, où vents et courants s'engouffrent comme dans un entonnoir, d'ouest en est.
 Depuis deux jours que nous avons laissé le cap Horn sur notre tribord, les conditions sont plutôt favorables et nous filons entre 8 et 10 noeuds, au cap (ce qui n'aurait pas été le cas si le vent venait du sud, mais il est actuellement entre secteur nord ouest à Sud ouest). Que demander de plus?! Allez si, soyons exigeants, un petit rayon de soleil ne serait pas de trop...
 Nous ne croisons pas grand monde lors de cette navigation, mais nous sommes souvent escortés par une multitude d'oiseaux du "Grand sud": Pétrels géants, Damiers du cap, Albatros fuligineux et albatros géants, pour ne citer qu'eux. Dans ce désert d'eau et de vent nous sommes une présence qui les intrigue, ou simplement espèrent-ils que nous leur jetions de quoi manger. Mais ils n'auront droit qu'à quelques miettes.

Damier du Cap
C'est un vrai plaisir d'observer ces seigneurs du vent, de les voir frôler le bateau, avec lequel ils semblent jouer. Nos montagnards ont l'air d'apprécier ce début d'aventure qui s'annonce riche en anecdotes. Certains ont un peu plus souffert du mal de mer que les autres, lors des premières 48 heures. Mais aujourd'hui l'ambiance est à la bonne humeur. Chacun fait son quart, de deux heures, par groupe de deux, ce qui nous permet de dormir confortablement pendant 6 heures. Lors de ce quart on se relaie, toutes les demies heures pour barrer. Certains n'ayant jamais barré de leur vie, cela relève du défi, mais les conditions aidant, ainsi qu'une bonne dose de détermination, nous sommes entrain de former une bonne équipe de barreurs!
 Nous devrions arriver dans plus ou moins 24 heures. Nous n'avons pas encore décidé de notre première escale, cela dépendra du vent...
 A bientôt.
 Morgane, Arnaud, Florian, Manu, Gilles, Eric, Ralph, Pierre-luc et Jean-Robert.
59°31'24S,64°31'48W