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lundi 31 août 2009

Arrivés en Irlande du Nord

Dimanche 31 Aout 2009

En escale à Bangor

Bonjour,

Nous avons rejoint hier matin le petit port de Bangor, juste à côté de Belfast, au terme d’une traversée sans encombre de cinq jours. La météo promettant des vents violents et contraires, nous avons décidé de rester bien sagement au port aujourd‘hui.

Quelque part, cette escale forcée n’est d’ailleurs pas pour nous déplaire, dans la mesure où la traversée depuis l’Islande ne fut tout de même pas de tout repos. En effet, nous avons rencontré des conditions assez musclées sur les deux derniers jours du parcours, et nous sommes donc arrivés passablement fatigués!

Tellement fatigués d’ailleurs que nous avons commis une bourde d’entrée en envoyant gaiement les couleurs de l’Irlande, par courtoisie… Et en Irlande du Nord, évidemment, ça fait désordre! Nous avons donc vite affalé le pavillon Irlandais pour le remplacer par celui du Royaume Uni…ils sont assez susceptibles dans le coin! Et en même temps, on peut nous accorder qu’on se croirait tout de même plus en Irlande qu’en Angleterre ici…et que d’ailleurs, on y est, enfin, on devrait y être... Mais bon, finalement, on est pas venu là pour créer un incident diplomatique… L’essentiel, c’est que nous y sommes, et que les gens ont l’air heureux d’y vivre, et ça, ça n’a pas de prix!

Après une grosse sieste et la douche tant attendue, c’est décontractés et joyeux que nous sommes allés accueillir nos camarades d’Algol, qui sont arrivés vers 18 heures. Moins chanceux que nous, ils ont du prendre leur mal en patience à la pointe Nord de l’Irlande, un fort courant contre ralentissant leur progression sur les derniers milles.

En bref, nous fûmes tous bien contents de nous retrouver confortablement assis dans un charmant petit pub Irlandais (j‘insiste!), autour d’une bonne bière. Je ne vous cache pas non plus qu’il n’est pas désagréable de retrouver des températures un peu plus clémentes qu’en Islande; ici, le ciré est de mise vu l’humidité ambiante, mais en dessous, inutile de prévoir les vêtements polaires! Et hier soir, on se serait même crus bien plus sud qu’on ne l’est, au vu des tenues plus que légères des jeunes filles…pour elles, l’été est encore bien là! Demain, nous ferons route de nouveau vers le Sud…à la recherche d’un peu plus de soleil…et bien contents de rentrer vers la maison.

La prochaine escale sera sans doute Dublin…si nous ne changeons pas d’avis d’ici là. Comme toujours à ce jeu là, c’est la météo qui aura le dernier mot, et déterminera notre parcours. Affaire à suivre…

En attendant, je vous souhaite un bon dimanche, et vous dis à bientôt!

Salutations Irlandaises (quand même!),

Juliette pour l’équipage de Paradise

jeudi 27 août 2009

Du Sud dans la route

Jeudi 27 Août 2009

Position : 60°46'42 N
16°10'04 W
Cap : 144°
Vitesse : 6,5 knt
Garde robe : GV, moteur

Bonjour,

Cela fait deux jours désormais que nous avons quitté Reykjavik, et amorcé, donc, notre navigation retour vers la France. On serait bien partis lundi, mais madame la météo en a décidé autrement. Alors tandis que la tempête soufflait sur l'Islande, nous sommes allés patienter tranquillement à Blue Lagoon, dans les bains chauds... et pour vous dire à quel point le vent était violent, à notre retour de baignade, nous ne pouvions même pas embarquer à bord du bateau, que le vent éloignait trop du quai! Nous avons dû aller dîner en ville en attendant que le vent se calme et nous permette de regagner le bord...

C'est donc mardi en fin de matinée que nous nous sommes élancés à l'assaut des quelques 750 milles qui séparent Reykjavik du nord de l'Irlande, où nous prévoyons notre première escale, sans doute à Belfast. La première journée de navigation fut musclée, mais depuis, les conditions sont plutôt douces, avec une mer calme, et même un beau soleil. Cerise sur le gateau, au fur et à mesure de notre progression vers le Sud, la température remonte ! Oui, bon, je sais, il n'y a rien de bien surprenant là-dedans. N'empêche qu'après deux mois à empiler des couches et des couches de polaires, c'est tout de même bien agréable de faire le geste inverse! A quand la séance bronzing sur le pont en bikini ?

Enfin, revenons-en à nos affaires, qui comme je vous le disais, se portent plutôt bien pour l'instant. Nous attendons du vent fort cette nuit ou demain, qui devrait nous pousser bien vite vers l'Irlande. Naviguant actuellement entre deux systèmes dépressionnaires, le vent s'est temporairement évaporé, nous amenant à devoir user de notre puissant mais néanmoins bruyant moteur. L'équipage met donc à profit ces moments de répit pour bien se reposer, sécher les vêtements humides etc... car là, nous sommes bien dans ce que l'on appelle le calme avant la tempête!

Jusqu'ici, nous n'avons pas usé de la risée Perkins plus de 3 heures... et on espère bien continuer ainsi! En attendant le retour d'Eole donc, qui promet d'être musclé, je vais vous laisser et aller vaquer à mon occupation favorite... la sieste !

Salutations nautiques,

Juliette pour l'équipage de Paradise

dimanche 23 août 2009

Home sweet home


Vendredi 21 Août 2009

A quai à Reykjavik

Bonjour,

Nous avons rejoint Reykjavik hier matin à l'aube, au terme d'une traversée rapide depuis Olafsvik, où nous avions relâché mardi et mercredi dernier. La traversée depuis le Groenland s'est bien passée, et fut cette fois très calme ! En effet, contrairement au voyage aller, la navigation était bien douce, et cette fois, les équipiers n'étaient pas malades! Il a donc fallu être patients pour rallier la terre, d'autant que nous avons dû affaler le grand foc, suite à des soucis techniques sur l'enrouleur... sans vent, et sans la plus grande voile d'avant, je vous laisse imaginer le résultat ! C'est donc en bonne partie au moteur que nous avons rejoint Olafsvik, faisant contre mauvaise fortune bon cœur.

Après avoir passé presque deux jours dans ce petit port de pêche, niché au pied de l'impressionant glacier du Snaeffelsjokull, nous avons remis le cap mercredi soir en direction de Reykjavik, port d'arrivée de cette belle croisière au Groenland. Hier soir, nous avons fêté ça en allant dîner au restaurant avec l'équipage d'Algol avec qui nous naviguions de conserve.

Demain matin, nos équipiers (Agnès, Cécile, Martine, Hélène, Daniel et Pierre) nous quitteront pour retourner à leurs activités en France. Trois nouveaux équipiers arrivent ce weekend pour les remplacer. Il ne nous reste donc plus qu'à rentrer à St-Malo, la tête pleine d'images de ce périple dans le nord, et heureux évidemment de rentrer dans notre home sweet home...

Alors lundi, nous reprendrons la route, et une nouvelle belle histoire de mer va démarrer ! D'ici-là, je vous souhaite un excellent weekend !

Salutations Islandaises,

Juliette pour l'équipage de Paradise

dimanche 16 août 2009

Ce n'est qu'un au revoir !


Samedi 15 Août 2009

Position : 65°42'N
36°10'W

Garde robe : GV, moteur

Bonjour,

Je vous disais en début de semaine qu'au Groenland, c'était comme si le temps s'arrêtait... et bien, on va dire que c'est sans doute pour ça que je n'ai pas posté de blog depuis, bien que quelques jours soient passés ! Enfin, cela prouve bien finalement qu'on passe de bons moments à bord de Paradise...

Je vous avais donc laissés alors que nous quittions Tiniteqilaq, et voguions vers un nouveau mouillage. C'est finalement à Juliet bay que nous avons mouillé pour la nuit, dans un cadre superbe, au détour d'un fjord, à l'abri de grandioses montagnes. Le lendemain, nous avons rallié Kummiut, un village de pêcheurs un peu plus conséquent que le précédent. Nous avons désespérément tenté d'y pêcher quelques poissons, mais sommes revenus pour ainsi dire bredouilles ! Seule Agnès a réussi à nous remonter quelque chose... je dis bien quelque chose, car s'il s'agissait selon toute vraisemblance d'un poisson, nul ne fut capable de l'identifier, et personne n'eut même le courage d'y goûter!

Jeudi, nous avons donc remis les voiles vers Sermiligaq... façon de parler, puisque depuis notre arrivée au Groenland, nous naviguons au moteur, faute de vent ! Pour parvenir à ce charmant village niché au creux d'une montagne, nous avons emprunté les sentiers détournés, passant entre les montagnes à travers deux fjords spectaculaires, dont l'un cache une surprise étonnante. En effet, au milieu de nulle part, on découvre les vestiges d'une ancienne base aérienne américaine, utilisée dans le temps pour ravitailler les avions, qui n'avaient pas assez de capacité en carburant pour rallier l'Europe. Ainsi, au milieu de cette nature vierge, surgit d'un coup une piste pour le moins surnaturelle surplombant un appontement en ruine, et de-ci de-là quelques restes de ce qui furent sans doute des baraquements, le tout au milieu d'une vallée jonchée de bidons rouillés. Le plus amusant, c'est que finalement, cela n'a plus vraiment rien de choquant ici, lorsqu'on sait que dans tous les villages alentours, les décharges sont malheureusement à ciel ouvert, faute d'autres moyens...

Mais revenons-en à nos moutons. L'expression est mal choisie, car de moutons ici il n'y a point. Les animaux que l'on voit le plus à terre, ce sont les chiens. Des chiens qui tiennent un peu du loup d'ailleurs, qui dégagent bravoure et force et se fondent dans le paysage en renforçant les contrastes de leur élégance naturelle, et qui animent littéralement les villages en fin de journée, lorsqu'ils se font entendre pour réclamer leur dîner en hurlant à la lune. Et que vous dire des innombrables chiots, avec leurs petites bouilles adorables, qu'on ramènerait bien avec nous... Mais leur place est ici, car l'hiver venu, nos amis à 4 pattes reprendront le travail, car ce sont, vous l'aurez compris, des chiens de trait. Les hommes réparent donc les traîneaux pendant la trêve tandis que les bêtes se reposent, et ainsi va leur vie, tant qu'il y aura de la glace, évidemment.

Et de la glace, il y en a encore, bien qu'une petite journée passée au pied d'un glacier nous fasse mesurer combien notre planète est en danger. Le Groenland étant un immense glacier en lui-même, il est frappant d'y observer à notre échelle les effets du réchauffement climatique. En effet, depuis notre dernière visite il y a deux ans, les glaciers ont très nettement reculé, et c'est bien inquiétant. Lorsqu'on pense que nous sommes, nous Européens, en grande partie responsables de cette maladie qui touche notre planète, ça porte à réfléchir. Tout ça pour vous dire que de petits gestes au quotidien pourraient réellement aider à ralentir la destruction à petit feu que subit ce petit bout de paradis qu'est encore le Groenland... et si nous ne le faisons pas pour nous, il est important de le faire pour les générations à venir. Nous avons eu la chance de naviguer dans cette région merveilleuse, et apprécions ce privilège à sa juste valeur. J'aimerais sincèrement que tout le monde puisse ne serait-ce que toucher du doigt ce que nous avons vu pour saisir la portée de ces mots et les mettre à profit pour les générations futures.

Mais en attendant, notre voyage tire à sa fin. Des vents violents sont annoncés sur notre zone d'ici trois jours, et nous sommes donc contraints de faire route vers l'Islande dès aujourd'hui, afin d'éviter de reprendre une déculottée comme à l'aller! C'est heureux que nous laissons derrière nous les montagnes du Groenland, et l'émotion nous porte encore alors que nous croisons les derniers Icebergs. La brume a remplacé le beau soleil qui nous accompagnait ces derniers jours, ajoutant encore au mystère qui entoure l'endroit, et le rend tellement insaisissable. Dans deux ou trois jours, nous aurons rejoint une terre plus civilisée, et les téléphones remplaceront les appareils photos. Fini le rêve ? Pour nous certainement pas. On reviendra. Bientôt. Toujours avec le même bonheur. Toujours avec la même envie.

Je vous laisse donc pour aller savourer les derniers instants de magie de ce pays où dansent des sculptures de glace. On se retrouve en Islande !

Salutations inuites,

Juliette pour l'équipage de Paradise.

mardi 11 août 2009

Sweet Greenland


Mardi 11 Août 2009

Position : 65°53'N
37°31'W

En route vers un nouveau mouillage...

Bonjour,

Nous sommes repartis en début d'après-midi du mouillage fabuleux de Tiniteqilaq, après une escale féérique fort bien mise à profit. Après une visite du village le matin, où tout le monde s'est régalé en profitant de la vue exceptionnelle qu'offre ce lieu, nous sommes allés croiser au milieu des icebergs en kayak. Les mots me manquent pour vous décrire cette petite navigation à vous couper le souffle ! Pagayer parmi ces sculptures de glace peut paraître un peu fou, mais cela procure des sensations hors du commun, et cela reste un des moyens les plus fabuleux de découvrir cette région fantastique. Nous avons même poussé le vice jusqu'à accoster certains icebergs pour vous ramener quelques clichés peu ordinaires...

Après un solide déjeuner à bord, un petit groupe de vaillants randonneurs s'est élancé en direction d'un glacier, pendant que le reste des équipiers des deux bords s'attelait à trouver du bois pour nous préparer un feu sur la plage, face au bateau. Les marcheurs ont donc sillonné les alentours pendant trois heures, au cœur de la vallée glaciaire, entre moraines, cascades, mousses et fleurs en tous genres, jusqu'à parvenir au glacier lui-même. Par chance, le soleil irradiait toute la vallée de sa douce chaleur, et croyez-moi si vous le pouvez, c'est en T-shirt que nous avons randonné... eh oui, le Groenland est plein de surprises!

Pour clore en beauté cette magnifique journée, nous avons donc organisé une petite soirée au coin du feu. Tandis que notre équipage s'occupait du bucher, celui d'Algol était censé préparer le barbecue... Je dis bien censé, puisque les deux barbecues qu'ils avaient achetés à Reykjavik n'ont jamais fonctionné !
Heureusement, nous avons rassemblé suffisamment de braises pour pouvoir griller nos côtelettes d'agneau, ainsi que les saucisses de l'équipage d'Algol... et le repas fut donc un véritable succès ! Pour clore ce barbecue un peu surréaliste avec une vue imprenable sur Paradise et le glacier conquis dans l'après-midi, la lune est apparue derrière les sommets enneigés, inondant notre petit coin de plage de sa douce lumière. Alors, rassemblés autour du feu pour cette
soirée improbable, nos équipiers ont trinqué, bavardé, et même chanté, tandis que je faisais griller des chamallows au feu de bois pour terminer en beauté cette journée hors du temps...

En effet, c'est un peu pour nous comme si le temps s'était arrêté, et que l'imaginaire prenait le pas sur le réel. La brume nous a peu a peu envahi cette nuit, rafraichissant le fond de l'air, et renforçant encore un peu ce sentiment d'être vraiment ailleurs, comme si l'on vivait dans un livre où l'histoire ne se terminerait jamais, et dont on écrirait les pages au fil de notre avancée, selon notre inspiration, mais surtout en fonction des obstacles rencontrés. C'est la nature qui est maître ici, et nous ne faisons toujours que nous adapter, respectant littéralement les règles du jeu qu'elle nous donne.

Et la nature est parfois hostile... Ce matin, en arrivant au village, nous sommes tombés sur une peau d'ours que deux Inuits étendaient sur les cailloux pour la faire sécher. Spectacle magnifique s'il en est, la bête étant réellement monstrueuse ! Les chasseurs nous expliquent qu'il a été tué dans les montagnes, juste derrière, et qu'il commençait à s'approcher trop près du village, il devenait trop dangereux. Mais alors... nous aussi, on aurait aussi pu en croiser un bien vivant hier, alors que nous étions dispersés dans la vallée. Et les ours ont faim dans le coin, mieux vaut ne pas les rencontrer. Ca fait froid dans le dos quand on y pense.

Mais nous sommes bel et bien là, et ce genre d'anecdotes nous ramène de temps en temps à la réalité, et force notre admiration pour ces peuples qui ont survécu jusqu'à aujourd'hui dans ces contrées reculées, avec des armes pour le moins rustiques. Quel dommage que ce paradis soit en train de fondre petit à petit, mettant en péril ces populations qui jusque-là menaient finalement une existence heureuse, bien que rude !

Alors, pour garder le sourire, on tente de jouer sur les mots, pour oublier les maux du pays, dont nous sommes en grande partie responsables. Les Groenlandais sont préparés, et désormais bien ravitaillés, et si leur territoire de chasse s'étiole, faute d'une glace suffisamment compacte, leur vie ne semble pour l'instant pas menacée. Alors, à votre avis, que font les enfants esquimaux au mois d'août ? Ils préparent leur cartable pour la rentrée des glaces, bien sûr!

Sur cette belle pensée, je vous laisse pour aller surveiller le radar... dernier repère pour nous marins lorsque madame la brume nous barre la route ! Ce soir, nous mouillerons à mi-chemin entre deux villages. Peut-être bien dans Juliet Bay, un abri que j'avais trouvé il y a deux ans alors que nous naviguions sur Pen Duick... car ici, on peut encore baptiser les lieux, quand je vous dis que c'est magique ! D'ici là, je vous souhaite une bonne soirée, et vous dis à bientôt !

Salutations brumeuses,

Juliette pour l'équipage de Paradise.

lundi 10 août 2009

Au mouillage à Tiniteqilaq


Dimanche 9 Août 2009

Position : 65°52' N
37°46' W

Bonjour,

Voici maintenant trois jours que nous sommes au Groenland, et je vous avoue qu'on ne s'en lasse pas vraiment... Après notre traversée sportive depuis l'Islande, nous nous sommes donc octroyé pour commencer deux journées de repos à Angmassaliq, la capitale de la province du Groenland Est. Notre camarade Algol et son équipage nous ont rejoints vendredi matin... et à la question "Comment ça va" que je leur ai posée à l'arrivée... ils ont répondu "ça va mieux"... en clair, ils en ont autant bavé que nous, avec en prime une nuit de plus passée en mer !

Finalement, le repos fut assez difficile à trouver, et les soirées furent plutôt animées, puisque croyez-le où non, mais au Groenland le weekend, ça bouge ! Et il se trouve que la discothèque se trouve à quelques pas du bateau... et puis finalement, c'est un moyen comme un autre de rencontrer les Inuits, qui sont par ailleurs très accueillants. Nous avons donc représenté dignement les marins français en dansant une bonne partie de la nuit, sur les rythmes les plus surprenants... Certains d'entre nous ont eu la chance de partager quelques danses avec les locaux, très friands, aussi surprenant que cela puisse paraître, de country music - croyez moi, danser un rock avec un Inuit sur ce genre de musique relève de l'exploit!!!

Rassurez-vous, nous avons tout de même mis à profit cette belle escale autrement qu'en fréquentant les bars! Il y a à Tassilaq (le nom moderne d'Angmasaliq) des balades extraordinaires à faire, et nous ne nous en sommes pas privé ! Je vous place le décor : montagnes escarpées aux sommets enneigés, rivières et cascades, le tout relevé par des vallées inondées de fleurs multicolores. Ajoutez quelques chiens de traineau, de jolies maisons de bois aux couleurs chatoyantes, et une lumière à vous couper le souffle, et vous commencez à toucher de l'esprit ce que peut être une randonnée au Groenland. Bon, évidemment, comme tout paradis sur terre... il y a un hic : le lieu est infesté de moustiques, qui prennent un malin plaisir à venir vous chatouiller les narines tout au long de ces promenades merveilleuses. Mais ces derniers sont vite oubliés dès que l'on regarde devant soi...

Outre la marche, nos journées d'escale nous ont aussi permis de faire les menues réparations sur le bateau, et de nous réapprovisionner un peu dans les supermarchés qui sont étonnament bien fournis. En effet, on y trouve absolument de tout, et les boîtes de conserve côtoient aussi bien les canapés, meubles, combinaisons de mer, ou encore les fusils de chasse... au début, ça déboussole un peu ! Pour la petite histoire, et pour vous dire qu'au Groenland, tout est possible, nous avons même déniché ma robe de mariée, ce qui, franchement, paraissait pour le moins improbable !

Enfin, après ces deux jours fort agréables à Angmassaliq, nous avons mis les voiles ce matin pour aller à la découverte du Sermiliq, sans doute un des plus beaux fjords de la région. Monsieur le soleil nous a gâtés qui plus est, nous offrant à la fois chaleur et lumière pour ce qui fut littéralement une journée extraordinaire. Au fil de notre remontée du fjord, nous n'avons cessé de nous émeveiller devant tel ou tel Iceberg, qui semblent tous surgir de l'imagination d'un sculpteur fou ! S'il y avait un seul mot pour qualifier la beauté de cette navigation, ce serait... MONUMENTALE!

Alors ce soir, nous allons savourer notre premier mouillage sauvage au Groenland, au pied de notre village préféré à Arnaud et moi, j'ai nommé Tiniteqilaq !
Ici, seuls vivent une poignée d'irréductibles chasseurs, dans leurs jolies maisons perchées sur la colline, avec sans conteste la plus belle vue de la région, le village surplombant le majestueux Sermilik et ses icebergs fantastiques. D'ailleurs, cette journée au coeur d'une mer de glace nous a fait l'effet d'une bonne journée de ski, et tant de beauté à vidé notre énergie, et ce n'est donc que demain que nous débarquerons pour aller à la rencontre de ce joli village et de ses occupants.

Je vous laisse donc, pour commencer à préparer le dîner du soir... En attendant la suite de nos aventures, je vous souhaite donc une excellente soirée !

Salutations glacées,

Juliette pour l'équipage de Paradise

vendredi 7 août 2009

Amarrés à quai à Angmassaliq - Groenland


Vendredi 7 Août

Position 65°30'N
37°30'W

Bonjour,

Nous sommes arrivés hier soir au Groenland, après une traversée express de deux jours seulement ! Inutile de vous dire que ce record de vitesse fut le résultat de conditions météo dantesques ! Je précise qu'en général, on met plutôt 3 ou 4 jours à rallier le Groenland...

Enfin, commençons par le commencement... Nous avons embarqué dimanche dernier nos 6 nouveaux équipiers, à savoir Cécile, Agnès, Martine, Hélène, Daniel et Pierre. Le départ initialement prévu lundi midi fut reporté au mardi après-midi, le lundi étant férié, et les conditions météo peu favorables. C'est donc vers 15h mardi que nous nous élançâmes depuis Reykjavik en direction du Groenland. La météo annonçait alors un peu de vent le mercredi (jusqu'à 25kn), puis un retour au calme jeudi... idéal pour une traversée !

Autant vous dire que la météo est une science très inexacte ! Assez vite, le vent a dépassé allègrement les 30 kn, et jeudi matin, en fait d'accalmie, ce sont des rafales à plus de 50kn qui nous attendaient... et je ne vous raconte pas l'état de la mer. Assez vite, nous avons du affaler la trinquette, après la rupture soudaine de son étai... ouf, le mât n'a pas bougé! Mais la manœuvre la plus impressionnante fut sans conteste l'affalage de la grand voile, au beau milieu de la nuit, dans des creux de six-sept mètres. Je vous assure que vu du mât dans lequel j'étais perchée pour descendre madame la GV, ça avait de quoi en faire pâlir plus d'un !

Filant gaiement à plus de 10kn avec un malheureux bout de foc comme seule toile, inutile de vous cacher qu'au fur et à mesure de notre progression, on commençait à s'inquiéter un peu. Car naviguer à cette vitesse au milieu des icebergs est totalement inenvisageable, et quelque part, on pouvait difficilement aller moins vite finalement ! Heureusement, toutes les bonnes choses ont une fin, et le vent a finalement molli à l'approche de la côte, bien après toutefois avoir croisé nos premiers icebergs. Mais le destin fait bien les choses, et cette année, la glace avait fait place nette pour notre arrivée, nous laissant entrer à bras ouverts! Nos équipiers, jusqu'alors malades, ont commencé à retrouver le sourire et les visages ont repris des couleurs... tout en profitant du spectacle merveilleux qui se déroulait devant nos yeux sous forme de paysages irréels, où montagnes enneigées et sculptures sur glace captivent tour à tour les spectateurs ébahis que nous sommes.

C'est finalement à 23h que le calvaire, car on peut dire que c'en fut un, a cessé pour tout le monde, alors que le soleil se couchait sur Ammassalik, et qu'enfin le bateau ne bougeait plus. Les montagnes se sont empourprées, et tout le ciel s'est embrasé alors que nous préparions ce qui fut finalement le premier repas de nos 6 équipiers depuis notre départ d'Islande. La magie du Groenland les avait déjà conquis, lorsque nous avancions au moteur parmi les icebergs dans les derniers milles... mais j'avoue que le bonheur se lisait sur leurs visages alors qu'enfin, ils arrivaient à avaler quelque chose après deux jours de jeûne. Eh oui, ça se mérite le Groenland !

Nous sommes donc en repos pour les deux jours à venir, et repartirons dimanche à la découverte des fjords et des glaciers tout proches. En attendant, je vous souhaite donc un excellent weekend !

Salutations Inuites,

Juliette pour l'équipage de Paradise.

samedi 1 août 2009

Moments in Paradise



Vendredi 31 Juillet 2009


De retour à Reykjavik

Bonjour,


Nous sommes arrivés hier midi à Reykjavik, au terme d’une très très belle croisière en Islande. Pour changer un peu de mes brèves habituelles, je vais choisir de vous conter un moment de vie sur Paradise… en l’occurrence la dernière nuit de quarts avant notre arrivée à Reykjavik.
Il est 21h. Nous attaquons, Laurent, Jean Paul et moi-même le premier quart de nuit de cette croisière. Nous sommes au sud de la péninsule du Nord Ouest de l’Islande, et venons de laisser dans notre sillage le dernier d’une longue série de fjords ; les autres équipiers nous quittent pour 4 heures, qu’ils vont mettre à profit fort justement pour grappiller un maximum de sommeil.


Laurent est au cerceau, concentré. Paradise file autour de 9kn sous 2 Ris et Trinquette. Jean Paul somnole, et moi, je bouquine tranquillement et surveille notre progression d’un œil distrait. Arrive le tour de Jean Paul, qui à son tour pilote notre fier voilier. Laurent attaque une fois de plus une série de photos, son exercice de prédilection… c’est ainsi que Jean Paul finira déguisé, affublé d’un duvet… ouf, on n’a pas réveillé les dormeurs!


Enfin, passons... Il est maintenant 1h du matin. Le quart montant pointe le bout de son nez encore engourdi de sommeil. Nous leur avons préparé un joli coucher de soleil. Contre toute attente, le soleil se couche, mais la nuit elle refuse de se lever, pardon, de tomber. J’ai tout de même envoyé Laurent accrocher une étoile dans le ciel. Pas trop haut, il n’est toujours pas si agile et j’ai encore besoin de lui. On s’est même piqué le luxe de leur placer un joli glacier au centre du tableau, au cas où le coucher de soleil ne serait pas à leur goût. Il s’agit du Snaeffelsjökull. D’ailleurs, on ne leur a laissé que le Snaeffels, le Jökull (glacier en Islandais) ayant été englouti tout à coup par de beaux et mystérieux nuages. J’ai une pensée profonde. Mais je préfère la garder pour moi pour l’instant. La nuit porte conseil. Zut, il n'y pas de nuit ici.


Il est 5 heures du matin. La nuit ne s’est toujours pas levée. Le soleil, lui, sort majestueusement derrière le glacier… le même. Je me frotte les yeux, je n‘ai pas très bien dormi. Bien que le Snaefellsjokull fût pour Jules Vernes l’entrée du Centre de la terre, je ne pense pas que nos amis se soient arrêtés faire un tour pour aller voir. Ahhh voilà, ils nous expliquent, le glacier leur a pris le vent, et c’est pourquoi ils ont un peu moins progressé que nous au quart précédent. Non contents de nous avoir réveillé un quart d’heure trop tôt (personnellement, tous mes réveils ont lieu trop tôt, et je les considère donc à chaque fois comme une injustice et une triste fatalité), nos camarades de jeu restent sur le pont pendant que nous trimons de nouveau à la barre pour faire avancer au mieux notre belle monture. Perfides équipiers… s’ils étaient si bien, pourquoi nous réveiller?


Les heures passent, le vent monte. Comme s’il y avait un lien de cause à effet entre le fait que je prennes un quart pour que tout se complique. Même pas peur. On choque la GV, on enfonce un peu le liston dans l’eau, mais une fois de plus, nos efforts sont récompensés par une belle progression. Et des œufs au bacon. Deuxième pensée profonde. Au loin, nous apercevons des baleines qui s’entraînent à sauter. Sans doute y a-t-il un spectacle en fin d’année… Le quart montant a des petits yeux à 9 heures… ils se vengent en tapant dans les vagues pour perturber notre sommeil. Je vous rassure, ça marche. J’ai tenu une heure et demie avant de sortir furax.


Il est maintenant 11 heures. Le ciel est redevenu du bleu qui donne envie de ne jamais rentrer. Et pourtant, la fin est proche. On distingue désormais nettement la cité magique de Reykjavik. Laurent dort. Comment fait-il? Je vais le réveiller vers midi au doux son de l’annonce d’un imminent affallage de grand voile. Son regard St-Exupéry ne masque pas la détresse dans ses yeux… et sa voix conforte mon idée que certainement, s’il y a une vie après la mort, Laurent sera réincarné en macareux.


Il est 12h30, et cette fois, je crois bien que c’est fini. Le bateau ne bouge plus, le vent s’est évaporé, Delphine a réapparu. L’équipage est souriant. C’est ma fête aujourd’hui. La dernière fois qu’on me l’a souhaitée, j’ai passé une journée détestable. Ils ont oublié…tant mieux. Cette journée est belle. Depuis minuit. La nuit n’existe pas ici… Est-ce cela qui rend la vie si belle en ces contrées reculées?

Alors, à peine rentrés, nous pensons déjà à repartir. Paradise va bien. Nous aussi. Lundi, j’ai fêté mon anniversaire dans un mouillage extraordinaire, avec des équipiers formidables et de la gentillesse a tous les étages. Hier, nous avons retrouvé nos amis d’Algol et partagé un dîner : on a mangé de la baleine. Aujourd’hui, on fête les quelques printemps d’Arnaud avec un peu de champagne et beaucoup d‘amour. Demain, on ne sait pas. Ainsi va la vie. Elle est belle notre vie. Elle est très belle même. J’espère que la vôtre l’est autant.


Juliette pour l’équipage de Paradise.